La végétation est encore luxuriante dans le potager du Château de Cerisy-La-Salle. Tomates, pommiers, poiriers, framboisiers, rosiers, tournesols. Au centre, une longue serre en verre arbore une vigne méticuleusement travaillée. Un côté abrite une grande collection de piments, quelques pieds de tomates cerises et une multitude de raisins. De l’autre, la vigne malade a assombri la pièce et a recouvert le sol de grappes desséchées. Il reste deux fauteuils et une table où repose quelques tomates cerises fraîchement cueillis. Au cœur de la serre, entre ces deux espaces, un petit bout de jardin paysagé, artificiel. Un jardin qui en accueil un autre.

Chacun des éléments est rattaché à une histoire singulière de paysage. Une ligne de dalles, moulées en plâtre, récupérés lors de la démolition d’un espace public. Une série de pots cassés, mais gardés, reproduits en plâtre et en béton. La peinture d’une plante fraîchement arrosée. Et aussi des monochromes, vert, rose et orange comme seuls souvenirs d’une composition végétale. Ce petit jardin artificiel ne subit pas le cycle obligatoire de la vie, des saisons. Il est figé. C’est par l’attachement à des petits détails, un rapport au sensible, que ces objets ont fini par être dénués de leurs usages. Il reste des formes, des couleurs, par lesquels se recréent une atmosphère, une ambiance, une autre histoire.